Cette semaine on aime [17.01.2022]
Franz Matthews feat. Jonathan Lehmann – The Question (Aera Remix)
A sortir le 18 février 2022
2022 démarre avec une belle livrée de sorties musicales techno et électro. Le combo Franz Matthews et Jonathan Lehmann nous propose un EP « The Question », qui en seulement cinq pistes explore une belle gamme de sonorités électroniques, et surprend aussi son monde.
Franz Matthews est un DJ franco-allemand basé à Berlin, et qui en 2019 avait sorti chez Eskimo Recordings un single puis un album de remixes « Meditation ». Un album plein de promesses déjà, avec des rythmiques dansantes, voire groove, et en plein dans un esprit club, comme on peut le retrouver à Berlin.
Le DJ poursuit l’exploration de la palette des possibles en 2022 avec Jonathan Lehmann, et c’est là que le projet artistique prend une autre tournure. Jonathan Lehmann est connu sur les réseaux sociaux où il guide les néophytes et les curieux dans la méditation, après être lui-même passé du luxe de la vie des milieux d’affaires new-yorkais à la remise en question de son mode de vie.
La collaboration est partie d’une rencontre, et aussi d’une blague en forme de défi: composer une musique et l’accompagner d’une voix qui guiderait l’auditeur pour une méditation « électronique ». Le projet « The Question » était né.
Un album à écouter à la nuit tombée, notamment le remix proposé par Aera, cosmique comme le nom du DJ et ponctué de notes électroniques et robotiques. Aera est connu pour ses remixes plein de souffle.
Hakim Norbert – Smile
Clip publié le 15 janvier 2022
chez De Läbbel
On a tous besoin de douceur, de groove et d’un son entraînant pour finir de traverser janvier à la vitesse d’un 45 tours. Hakim Norbert et le Marseillais Melo nous offrent cette bouffée hip hop boombap, en sillonnant le vinyle précisément, avec scratches et pass pass (merci Saligo).
Hakim Norbert, bien connu de la scène poitevine (et aussi tourangelle, il était en novembre dernier au Bateau Ivre) délaisse Poitiers pour Marseille. Le soleil d’hiver sur la cité phocéenne donne une belle lumière à ce clip produit par Melo, à la caméra donc, et aux rimes.
On y suit les pas d’une jeune femme, endoudounés que nous sommes, comme cette dernière, par un son électronique tout en rondeurs et rythmé par les scratches de Saligo, l’élément incontournable d’un son qui se veut incontestablement boombap. Notre imaginaire convoque D Abuz System, Polo, les Sléo ou Leaders of The New School, mais c’est le flow percuté de Hakim Norbert qui claque les rimes dans nos oreilles.
Les lumières, qu’elles soient nocturnes ou hivernales, les pas, qu’ils soient une pure balade urbaine, ou un kick des mouvements du rappeur, forment un ensemble qui donnent un côté dansant et bounce à ce clip de rap qui ne se départit pas de la rage des mots et du groove des instrus.
Un clip sorti le 15 janvier après plusieurs mois de montage, pour nous faire enfiler le bob au kangourou et la parka, chausser les sneakers et parcourir la ville un casque sur les oreilles.
Ben PLG – Parcours Accidenté
sur le label Pour la Gloire
La région d’Hauts-de-France n’a jamais été reconnue comme une terre fertile quant à l’émergence de rappeurs locaux. Pourtant, tout un patrimoine culturel s’étend aussi bien dans les zones urbaines que rurales alors source pour conter des histoires brutes. Le rappeur lillois Ben PLG, lui, se donne pour mission de retranscrire les vies du milieu prolétaire, celles des ouvriers travaillant à l’usine ou sur les docks, celles qui l’ont toujours entouré de près ou de loin.
Après avoir gagné un succès d’estime en 2020 avec son premier album Dans Nos Yeux, Ben revient avec son second projet, Parcours Accidenté en novembre dernier. Dès l’annonce de l’album, Ben avait sorti le titre Vivre et Mourir à Dunkerque, reflet précis des intentions du rappeur qui sont d’implanter un décor sociétal dépouillé avec lequel il a interagi depuis sa tendre enfance. Ici, il évoque les étés à Dunkerque, là où le soleil se fait rare et que la plage de Malo-les Bains fait office de substitution.
Mais c’est également un disque hautement personnel qu’il nous livre. Que ce soit sur Né pour Briller qui est parsemé d’anecdotes sur son adolescence, ou En-dessous des nuages dans lequel il rend hommage à sa sœur, chaque lignes est méticuleusement écrite et s’implante dans un contexte plus grand. Puis ceux sont les acteurs de sa ville qu’il décrit afin de compléter sa mise en scène à travers leurs comportements déviants et la beauté qui s’en émane.
Inspiré par le rap des années 2000 de Salif à Nessbeal, Ben le montre aussi bien dans ses références ou dans son écriture descriptive et mélancolique. Pour bien comprendre les intentions du rappeur, Vivre et Mourir à Dunkerque reste le meilleur réceptacle de toute la force d’interprétation de l’interprète.
For Those I Love – For Those I Love
Chez September Recordings
Difficile de ne pas être impacté par le disque qui va suivre ici, tellement les productions se veulent cathartiques et les mots de l’auteur, David Balfe, si impliqué dans son interprétation. Il faut dire que For Those I Love, intitulé du projet musical, n’a de choix que d’être une pièce unique car s’inscrivant dans une temporalité propre. En effet, l’album dont il est question est un hommage posthume en l’honneur de son ami et collaborateur Paul Curran qui s’est donné la mort en 2018. Un tragique événement qui ne pouvait rester sans réceptacle de toutes les mantras qui parcouraient notre interprète.
Ainsi, Balfe synthétise ses pensées nostalgiques dans un 9 titres d’exception à base de spoken word à l’accent dublinois qui se confond avec des productions entre dubstep et house non sans rappeler des pionniers tels que Burial ou Jamie XX. S’émane alors une variété d’éléments sonores qui s’imbriquent pour un rendu émotionnel unique. Les samples vocaux chaleureux, aux patterns insoutenables, pleins de reliefs et de textures offrent une plus-value qui poussera l’auditeur à se replonger dans l’œuvre.
Malgré la thématique quelque peu morose, le disque se veut rempli d’espoir et d’exaltation face à la vie et ce qu’elle peut nous offrir. Pour exemple, le titre Shape of You à l’atmosphère envoûtante propulsé par les dires de David qui se remémore les souvenirs vaporeux des années passées guidées par l’insouciance.